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François-Michel Messier

François-Michel est le onzième enfant de Michel et Anne Lemoyne et leur deuxième garçon. Son acte de naissance est introuvable. Comme il est arrivé quelquefois, le curé de Boucherville est venu le baptiser au Cap-St-Michel et de retour à Boucherville, il a probablement omis de l’inscrire dans le registre. Toutefois, sa naissance peut être fixée avec assez de précision. Le 20 août 1678, un enfant d’Anne Lemoyne est ondoyé. Le 20 avril 1681, elle donne naissance à son dernier enfant, René. François-Michel est né entre ces deux dates, possiblement entre le mois de mai 1679 et juillet 1680. J’estime sa naissance vers la fin de l’année 1679, soit entre la naissance d’un enfant ondoyé le 20 août 1678 et son frère René né le 20 avril 1681.

 

Sa vie ne sera pas aussi mouvementée que celle de son père et de son frère René. L’histoire nous laissera cependant de nombreuses traces de lui, spécialement comme successeur de son père, comme seigneur du Cap-St-Michel.

 

Le 18 mai 1701, son père lui donne une concession au Cap-St-Michel. Celle-ci a trois arpents de front sur la profondeur de la seigneurie. Il a comme voisins, d’un côté, son frère René, et de l’autre, son cousin Jacques Messier.

 

En 1701, se signe à Montréal un traité de paix avec toutes les tribus indiennes du Nord-Est de l’Amérique du Nord. Mille trois cents indiens sont venus d’aussi loin que de l’Ouest du lac Supérieur. Les voyages sur les rivières sont beaucoup plus sécuritaires. Le 8 mai 1702, François-Michel entreprend son premier grand voyage. Il est engagé par Jean Boudor pour aller à Détroit. Le 28 juillet 1704, il repart en voyage, comme engagé par la compagnie du Canada, pour aller à Détroit. Il suit son frère Jean-Michel parti au début de mai pour la Louisiane avec sa sœur Marguerite.

 

En 1706, François-Michel décide de fonder une famille. Le 10 février à Varennes, il épouse Marie-Anne Amyot, née le 29 septembre 1685 à Québec. Le couple a six enfants : quatre garçons et deux filles. Les années 1707 et 1708 voient Marie-Anne Amyot vendre sa part d’héritage reçue de ses oncles à Québec.

 

La vie de François-Michel s’est passée sans histoire jusqu’à l’année 1725. Cette année-là sera pour lui éprouvante. Son épouse décède le 9 février. Il se retrouve avec cinq enfants âgés de neuf à dix-huit ans. Le 15 juillet, c’est au tour de sa mère Anne Lemoyne de décéder. Son père Michel suivra le 2 novembre.

 

Quelques semaines avant le décès de son père, il se remarie à Contrecoeur avec Marie-Jeanne Duval, une femme de onze ans plus jeune que lui. Le mariage sera de courte durée. Moins de deux ans plus tard, le 4 septembre 1727, sa seconde épouse décède sans lui laisser d’enfant.

 

François-Michel ne restera pas longtemps veuf. Le 25 juillet 1729, il se remarie une troisième fois. Cette fois-ci, c’est à St-François-du-Lac qu’il épouse Madeleine Lefebvre. La veille, le couple fait un contrat de mariage que rédige le père Joseph Aubry, missionnaire du lieu. Le mariage durera douze ans jusqu’au décès de Madeleine Lefebvre survenu le 25 mai 1742. Elle sera inhumée à Varennes auprès de ses deux autres épouses. Notre ancêtre n’était pas fait pour vivre seul; à soixante-quatre ans, le 8 juin 1744, à Ste-Anne-du-Bout-de-l’Ile, il se retrouve devant l’autel avec une femme de trente-cinq ans, Angélique Poirier. Seule, sa première épouse lui aura donné des enfants.

 

Au décès de son père, François-Michel hérite de la seigneurie. Le titre de seigneur du Cap-St-Michel lui donne quelques obligations. Le 22 juillet 1736, il donne une procuration à Christophe Hilarion Dulaurent pour le représenter à Québec. Le 18 août 1736, à Québec, devant Gilles Hocquart, au nom du roi, il rend foi et hommage comme seigneur du Cap-St-Michel. Quatre jours plus tard, Me Dulaurent présente un aveu et dénombrement de la seigneurie.

 

Ce document est une description de la seigneurie. On y donne le nom de chaque censitaire, la superficie de terrain que chacun possède, son emplacement, les bâtiments et la superficie en valeur. Jusqu’à son décès survenu le 11 juin 1751, à Varennes, François-Michel donne de nombreuses concessions.

 

Après le décès de sa première épouse, Marie-Anne Amyot, un inventaire de ses biens est fait. Il est intéressant de le comparer avec celui de Michel. Les deux ont été faits à deux mois d’intervalle. Michel est décédé à l’âge de quatre-vingt-cinq ans après une longue maladie. Au décès de son épouse, François-Michel avait quarante-cinq ans et cinq enfants à sa charge. Michel possédait vêtements, nourriture et quelques objets accumulés durant sa vie. Il semble cependant que son fils René se soit occupé de lui durant les dernières années. Dans l’inventaire des biens de Michel, on ne rencontre pas d’animaux domestiques et aucun gros instrument de ferme.

 

François-Michel possède plusieurs animaux. Il a quinze bêtes à cornes, deux chevaux, onze porcs, vingt volailles et seize moutons. Il possède une charrette et une charrue. Comme mobilier, l’inventaire mentionne deux méchants coffres en pin, neuf chaises et deux lits. Il habite dans une maison de pièce sur pièce avec un toit de paille qui menace de tomber en ruine; elle ne possède aucune cheminée ni fondation. Il possède également « une carcasse de maison encore sur le chantier » à demi-couverte, de trente pieds de long sur vingt-deux de large. Il est dit que « la construction a débuté il y a quatre ans ». La valeur de cette deuxième maison est estimée à dix fois la valeur de la première. Les autres bâtiments sont une étable, une écurie ainsi qu’une grange couverte de paille mesurant soixante-cinq pieds de long sur vingt pieds de large.

 

On dit des enfants de François-Michel qu’ils sont jeunes, bien mal habillés, presque nus et qu’ils ne rendent pas encore de grands services. La situation financière de François-Michel semble assez précaire.

 

Les autres objets déclarés sont de peu de valeur. On dit qu’ils sont usés; on parle de méchantes chaises, de vieilles nappes déchirées, de vieux draps etc.

 

Cet inventaire peut nous donner un bref aperçu de ce que pouvait être la richesse d’une personne à cette époque. Si je compare celui de son frère René fait dix ans auparavant, je constate que René semble matériellement plus à l’aise que François-Michel. Il est vrai que la vie de René a été très aventureuse. Elle a pu lui apporter des revenus supplémentaires venant de la traite des fourrures.

 

Onze ans après, la situation financière de François-Michel s’est améliorée. Il est maintenant le seigneur du Cap-St-Michel. Les revenus sont meilleurs. Le 2 mai 1737, il peut se permettre de donner une avance d’héritage à ses enfants. À son décès en 1751, un deuxième inventaire de ses biens est fait. On constate une nette amélioration. Il possède toujours les deux tasses d’argent en forme de gondole achetées lors de la vente des biens de son père. Toutefois, on ne mentionne pas qui en hérite.

 

Un différent est survenu entre Augustin Hébert et les deux fils de Michel : François-Michel et René. Le tout a été porté au conseil souverain. Le 16 avril 1731, on demande à François-Michel et René de déposer les pièces justificatives entre les mains de Jean-François Hazeur, conseiller dans cette cause. Malheureusement, je n’ai pu trouver la cause de ce différent avec Augustin Hébert, fils de Jeanne Messier.

 

Un deuxième différent va également au conseil souverain. Cette fois c’est Jean-Baptiste Lebrodeur, fils de Marie-Anne Messier, qui a fait appel à la justice pour le régler. Le litige semble porter sur les fiefs donnés par Michel à ses enfants. Une ordonnance est émise par le conseil souverain le 21 juillet 1732.

 

François-Michel décède le 11 juin 1751. Il n’aura pas trop à subir durant sa vie les guerres iroquoises. Il avait vingt et un ans lors de la grande paix signée à Montréal en 1701. Sa quatrième épouse se remarie avec Jean-Baptiste Robida, dans les mois qui suivent son décès et ira vivre à la Baie-du-Febvre.

 

Aujourd’hui, environ les trois quarts des Messier sont des descendants de François-Michel. Trois garçons et une fille ont survécu à leur père.

Texte tiré du volume : Gilles Messier :  Les Messier et leurs ancêtres : 700 ans d'histoire.

Dernière mise à jour : 

25 juillet 2014

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