Jacques Messier
Jacques naît en 1649, à Vascoeuil, comme tous ses frères et sœurs. Quand son oncle Jacques retourne en France en 1659, il donne des nouvelles de la famille à son frère David. Pour le retour de Jacques à Ville-Marie en 1660, David décide de confier son fils Jacques à son frère pour rejoindre Michel à Ville-Marie.
Partis de Dieppe, ils débarquent à Québec le samedi 12 juin 1660. Son arrivée coïncide avec la bataille de Dollard des Ormeaux au Long-Sault. Après une longue traversée, il est normal de refaire ses forces avant de reprendre le chemin de Montréal. Jacques est-il parti pour Montréal le 17 août avec Monseigneur de Laval ? J’en doute; il est probablement parti pour Ville-Marie en canoë avec un groupe de voyageurs. L’évêque est arrivé le 21 août à Montréal pour des confirmations. Jacques a été confirmé le 24 août 1660. C’est la première présence de Jacques à Ville-Marie. Au recensement de 1666, il demeure chez son frère Michel et déclare avoir dix-sept ans. Entre son arrivée et son décès survenu en 1697, Jacques a passé trente-sept ans de sa vie en Nouvelle-France. Quand on pense que Michel a passé soixante-quinze ans au pays, c’est le double de son frère. Sa vie a donc été plus courte et moins mouvementé que celle de Michel.
Le 5 février 1670, la présence de Jacques est également signalée. Il est parrain d’Anne Messier à Montréal. Plus tard, le 9 avril 1673, il est pour la première fois chez le notaire avec Jacques Boismorel. Il affirme demeurer à Varennes dans la seigneurie de Jacques Lemoine, adjacente à celle de Michel. Ce contrat, c’est pour louer une vache. Il mentionne que la location a commencé à la Toussaint de l’année dernière. Le prix est de douze livres de beurre. De plus, après trois ans, les deux Jacques s’engagent à se partager également les veaux. C’est ainsi qu’à vingt-quatre ans, il s’est lancé en affaires. L’histoire ne mentionne pas comment s’est fait le partage et si les veaux étaient en nombre pair ou impair.
Le 1er juillet 1678, il reçoit une concession de Jacques LeMoyne dans la seigneurie de la Trinité à Varennes. Elle est voisine du Cap-St-Michel, celle de Michel. Peu après son acquisition, il projette d’accompagner le Cavalier de LaSalle dans une de ses expéditions. Prévoyant des dangers, Jacques, dans un acte daté du 13 octobre 1678, donne sa terre à sa nièce, Anne Messier, s’il ne revient pas de cette expédition.
En octobre 1678, il quitte Ville-Marie avec une trentaine d’hommes sous la conduite de LaSalle. Le 18 novembre 1678, il part de Catarakouy. Le 26 du même mois, le groupe se trouve dans l’Humber, petite rivière un peu à l’ouest de la future ville de Toronto. Le 6 décembre, ils sont accueillis par une vingtaine d’ouvriers à l’embouchure de la rivière Niagara. Poursuivant leur route, le 11 décembre, une messe est dite à l’endroit qui deviendra Niagara. Le 15, le groupe s’arrête au sud de la rivière Niagara pour construire le fort Conti où le groupe passe l’hiver.
Au printemps 1679, un peu au-dessus des chutes Niagara, on construit un navire, le Griffon. Avec une trentaine d’hommes, LaSalle quitte l’endroit le 7 août. Le 21, le navire se trouve à Michillimakinac. On charge le Griffon de pelleteries et il repart avec une partie des hommes en direction de Niagara. Un des hommes de LaSalle, Tonty, se sépare du groupe avec vingt hommes. Jacques semble avoir accompagné Tonty. LaSalle poursuit sa route avec quatorze hommes dans des barques et en canots. Il a rendez-vous au sud du lac Michigan avec Tonty.
À la mi-novembre, on construit le fort des Miamis. Quatre hommes sont laissés à cet endroit. Le groupe poursuit sa route en direction sud-ouest du lac Michigan. Sur la rivière des Illinois, le 15 janvier 1680, un autre fort est construit, le fort Crèvecoeur (aujoud’hui Pédria). Étant sans nouvelles du Griffon, LaSalle décide de revenir sur ses pas, accompagné de cinq voyageurs.
En route, il voit le fort Conti abandonné et apprend la perte du Griffon et de ses hommes.
LaSalle arrive à Catarakouy le 6 mai. Le 22 juillet, trois hommes, Jacques Messier, Nicolas Crevel et Nicolas Laurent, dépêchés par Tonty, lui apportent des nouvelles. Une partie de ses gens se sont mutinés. Ils se sont emparés des pelleteries, ont saboté les palissades du fort Crèvecoeur et ont pris la fuite dans les bois. LaSalle s’élance à la poursuite des déserteurs, accompagné de Jacques et quelques hommes. Le 16 août, il est sur le lac Ontario. Le 16 septembre, il est au Sault-Sainte-Marie. Il retrouve une partie du butin. Ensuite, il quitte le lieu en direction du fort Crèvecoeur qu’il retrouve à moitié démoli.
LaSalle cherche Tonty et ses hommes. Il revient au fort des Miamis où il arrive le 6 janvier 1681. Il se dirige ensuite à Michillimakinac où il les retrouve fin mai. Puis on se rend à Niagara pour reconstruire le fort Conti. Le groupe revient à Catarakouy et Ville-Marie où leur présence est signalée le 11 août. Ainsi finit l’aventure de Jacques avec LaSalle. À son retour, il se fixe à Varennes. Au recensement de 1681, il déclare avoir trente ans; il possède deux bœufs, un fusil et huit arpents en valeur.
En 1684, le gouverneur de La Barre décide d’attaquer les Iroquois. Pour sa campagne, celui-ci fait appel à 400 miliciens de Montréal qui sont de l’expédition. Le 16 juillet 1684, il est à Montréal pour rassembler ses troupes. Jacques fait partie des miliciens de l’expédition. Le 30 juillet, il quitte Montréal en route vers Katarakoui (Kingston). Le 15 août, sa présence est signalée à cet endroit. L’affrontement avec les Iroquois n’aura pas lieu. Au début du mois de septembre, l’expédition revient à Montréal.
La date exacte de son mariage avec Marie-Renée Couillard est inconnue. Il est toutefois possible de fixer une date approximative. La présence de Jacques est signalée à Boucherville le 26 août et le 11 septembre 1687. À cette dernière date, il est certain qu’il est marié. À Boucherville, son épouse est marraine et est identifiée comme l’épouse de Jacques Messier. De plus, il est dit qu’elle demeure à Varennes. Où et quand a eu lieu le mariage ? (A ce sujet, lire l'article de Jean-Jacques Messier "A propos du mariage de Jacques Messier et de Marie-Renée Couillard" paru dans La Moisson des Messier (vol 15, no 3, pp. 10-11; vol 15, no 4, pp. 16-17; vol 16, no 1, pp. 7-8).
Marie-Renée Couillard est née le 4 juillet 1670 du mariage de François Couillard et M. Anne Dannezé. Elle est baptisée le 2 septembre de la même année à Québec. Pourquoi cet écart entre la naissance et le baptême ? Son père habitait Portneuf à cette époque. Marie-Renée y serait-elle née et le couple Couillard aurait attendu la venue d’un prêtre pour faire baptiser son enfant. Vu l’absence d’église entre Trois-Rivières et Québec, le baptême est enregistré à Québec.
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Toujours sans enfant, Jacques et Marie-Renée Couillard décident le 5 décembre 1690 de faire leur testament. Ils se font don mutuel de leurs biens. Moins de deux ans plus tard, le 4 novembre 1692, à Boucherville, le couple fait baptiser leur seul enfant. Il porte le nom de son père, Jacques. De ce garçon, descendent 20% à 25% de tous les Messier d’Amérique. Le 17 juin 1695, à Boucherville, on assiste à la sépulture de son épouse, Marie-Renée Couillard. Elle précédait de peu son époux.
Une information stipule que le 31 août 1695, trois citoyens du Cap-St-Michel sont capturés par les Iroquois à Verchères. On n’indique pas qui ils sont. Les Iroquois les ont-ils tués ou simplement fait prisonniers ? Un acte daté du 26 janvier 1697 mentionne que Jacques a été pris et tué par les Iroquois; cependant le notaire raye cette phrase. Sa terre est située dans la seigneurie de Jacques Lemoyne, voisine du Cap-St-Michel. La personne qui a inscrit l’information du 31 août n’a peut-être pas fait de vérification sur la résidence de Jacques ou il n’était pas important pour elle de donner cette précision.
Avec Jacques prisonnier, on ne sait s’il est toujours vivant. Il est tuteur des enfants de François Couillard et Marie-Anne Dannezé également nommé Esther. Devant la présomption qu’il est décédé, on doit nommer le 26 janvier 1697, un autre tuteur et le notaire inscrit cette mention. Ce n’est que le 24 mars 1697, à Boucherville, qu’on en a la certitude et son décès est enregistré. Voilà l’explication la plus logique sur la mort de Jacques. À cette date, on indique Jacques Messier, âgé de quatre-vingt-dix-sept ans. Longtemps on a cru qu’il s’agissait de l’oncle. Il faut plutôt croire que le curé a fait une erreur dans le registre. Au lieu d’inscrire son âge (quarante-sept ans), il aurait pensé à l’année et inscrit ce chiffre.