Jehan LeMessier I
Deuxième génération connue :
LaHaye, située à environ 25 kilomètres à l’est de Rouen, a une population de plus ou moins, 300 habitants. En cette fin du 15e siècle, on y retrouve un Jehan, Philippot et Guillemin LeMessier. Tous trois sont des personnes âgées qui décèdent entre 1500 et 1510. L’âge de ces LeMessier correspond assez bien à celui des enfants de Colin. Devant ce fait, il est assez facile de conclure que ces trois hommes sont les enfants de Colin et Simone. À cette époque, la France était loin d’être aussi populeuse qu’aujourd’hui. Les familles LeMessier étaient assez rares. Pour toutes ces considérations, j’en suis venu à la conclusion que l’on se retrouve vraisemblablement devant les enfants de Colin et Simone.
Jehan LeMessier est la deuxième génération dans la lignée de nos ancêtres. Je possède trois contrats de lui en plus de ceux qui le mentionnent dans les actes notariés concernant ses enfants. Comme il est dit plus haut, Jehan naît vers 1424 et se marie en 1452. Le 4 mars 1497, on le nomme Jehan LeMessier dit Blondelet. Ce sobriquet est pour mieux l’identifier des autres Jehan LeMessier de LaHaye. Il suivra ses descendants jusqu’à David LeMessier au milieu du 17e siècle. Avec un sobriquet, il devient plus facile de suivre sa trace et celle de ses descendants. J’ai expliqué dans la génération précédente comment j’ai fixé la date de son baptême et celle de mariage. Le 2 février 1497, Jehan est âgé d’environ soixante-treize ans. Il décide de partager ses biens entre ses enfants parce qu’il est probablement incapable de s’occuper de ses affaires. Après le 4 mars 1497, les Jehan LeMessier retrouvés ne portent pas le sobriquet Blondelet. Pour cette raison, j’ai fixé l’année de son décès, vers 1500.
En 1519, son fils David fait une déclaration aux seigneurs, les religieux du couvent de Saint-Ouen de Rouen. Le document nous apporte de nombreuses informations. Il est mentionné que son père Jehan LeMessier est décédé. Rien n’indique dans l’acte que son frère Robinet l’est. Le fils de Robinet, Guillaume, conteste une décision de son oncle David quand il décide de vendre une terre ayant appartenu à son grand-père.
Il existe donc une période de vingt-deux ans entre la cession des biens de Jehan LeMessier à ses fils et la contestation de Guillaume. Elle a probablement été décidée à la suite du désir de son oncle de vendre une partie de l’héritage de son grand-père. Le décès de Robinet n’est pas nécessairement survenu avant la contestation de son fils.
Le 17 mars 1519, son fils David déclare ses possessions aux seigneurs, les religieux du couvent de St-Ouen. Le document nous permet d’imaginer le nombre de lopins de terre ayant appartenu à Jehan. David possède quatre terres héritées de son père. Si chaque fils en a reçu le même nombre, il est possible d’avoir une idée du nombre d’emplacements qu’il possédait. Une précision est toutefois nécessaire : elles sont des petits morceaux de terrain. Certains n’ont pas plus qu’un demi-arpent. En plus de Robinet et David nommés plus haut, deux autres enfants nous sont connus : Guillaume et Jehan.
Reproduction d'un acte du 23 janvier 1452 en France
Archives départementales de Seine-Maritime
Le 23 janvier 1452
Reconnaissance de propriété à Jehan LeMessier
Jehan LeMessier demeurant à LaHaye en Lyons
tient desd Religieux à cause de leur baronnie
de Périers, une pièce de pré contenant trois vergées
ou environ, assises en la paroisse de Morville
tenant d’un côté, les hoirs Robert Froissen, d’autre côté
les hoirs Guillaume LeCauchois, d’un bout Michault
Casier, d’autre bout à la commune du Pont d’Ysaville
par un denier tournoi de rente, dû aud Religieux
au terme Saint-Michel, avec V s. de dîme
et pour ce V s.1 d.
Item, une pièce de pré contenant XV111 perches
et furent au côté, jouxte d’un côté et d’un bout
la rivière, d’autre côté Pierre Lerminier à cause
de sa femme, et d’autre bout la commune du Pont
d’Ysaville, et de ce, doit X11 d. & de dîme
avec les faisances et redevances quant
le cas écherra, et fut ce présent aveu baillé
es plés de Periers, tenus le XX1111e jour de
janvier l’an mil CCCC cinquante deux (1452) pour ce X11 d.
Note :
Ici les terres de Jehan LeMessier sont identifiées comme étant à Morville. On mentionne que la deuxième terre est située sur le bord de la rivière Andelle.
Reproduction d'un acte du 17 mars 1519
Archives départementales de Seine-Maritime
Le 17 mars 1519
Déclaration de David LeMessier, prêtre.
De religieux hommes et honnêtes personnes messeigneurs les religieux abbé commendataire et couvent de
Saint Ouen
de Rouen, je David LeMessier prêtre, fils et héritier en ce regard de défunt Jehan LeMessier dit Blondelet
en ce regard, tien et avoue à tenir de mesd seigneurs les héritages ci après déclarées, assis en la seigneurie
de mesd seigneurs et paroisse de Boullay; et premièrement une portion de masure contenant demi-acre ou
environ
à présent en frai, bornée d’un côté moyenne à cause de Maury Jourdain, d’autre côté la rivière, d’un
bout en pointe à la rivière Andelle et d’autre bout la seigneurie d’Ennabant; Item deux acres
de terre en aveines (avoine), bornée d’un côté la sente tendant dud lieu de Boullay à Saint Lucien, d’autre
côte le chemin tendant de Boullay à Saint-Lucien, d’un bout led chemin en tournant autour de lad peche et
Colin
terre en partie et d’autre bout les hoirs Maury Jourdain, dont est dû de rente chacun an à mesd seigneurs tant
de lad portion
de masure que desd deux acres de terre, dix huit souls tournois aux termes de Saint Martin d’hiver
que de été par moitié; Item deux acres et demie de terre ou environ bornées d’un côte le chemin
X d’autre côte mesd seigneurs et des deux bouts les hoirs ou aïeux cause de Maury Jourdain
de Saint Lucien, et d’autre bout aussi en partie, d’autre côté Colin Lore et la ruette Morin et d’autre
bout les hoirs ou ayants cause de Maury Jourdain, dont est dû de rente chacun an à mesd seigneurs
douze sols six deniers aulx termes de Saint Michel et Noël pour moitié; Item une portion de
masure contenant une vergée ou environ, bornée d’un côté et d’un bout la rivière Andelle
d’autre côte le chemin tendant de Boullay à Morville et d’autre bout la seigneurie d’Ennebant
dont est dû de rente chacun an à mesd seigneurs cinq sous & au terme St Michel, tous
lesquels héritages dessus bornés me sont venus et échus par le décès et trépas de mon dit
défunt père; Item une potion de masure contenant une vergée ou environ, par moi acquise de
Maury Jourdain, bornée d’un côte le chemin tendant de Boullay à Nolleval, d’autre côte
moi mêmes à cause de la masure première dessus bornée, d’un bout la rivière du Moulin
Bourdet et d’autre bout la seigneurie d’Ennebant, dont est dû de rente chacun an à mesd seigneurs
trois sous au terme de Saint Michel et avec ce il est dû à mesd seigneurs des héritages dessus
bornées, relief treizième services de prévôté à mon tour et autres droits et devoirs
ainsi que les autres hommes de lad seigneurie quant en ces y échoiront et au bas était écrit
ce qui ensuit amples de lad seigneurie de Boullay tenus aud lieu pour mesd seigneurs de Saint Ouen
par moi Laurens Hene, sénéchal de lad seigneurie le dix sept jour de mars l’an de grâce
mil cinq cens dix neuf et comparut led LeMessier pour lequel me présenta ce présent
aveu lequel après ce qu’il me oult affirmer icelui être véritable, fait par moi
reçu sauf a blâmer...
Notes :
Dans ce contrat David LeMessier, prêtre, frère de Robinet LeMessier, notre ancêtre, fait un état de ses biens immobiliers à son seigneur les religieux du couvent de Saint-Ouen. Il identifie les terres qui lui appartiennent et leurs emplacements. Les premières terres mentionnées, lui ont été échues de son père Jehan LeMessier dit Blondelet, lors du partage de ses biens en 1497.