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Où demeuraient nos ancêtres en France ?

 

Avant de terminer cette réflexion, je voudrais essayer de déterminer l’endroit exact où nos ancêtres demeuraient. J’ai fait deux voyages en Haute-Normandie, et je suis demeuré là huit jours. De plus, je me suis procuré cinq différentes cartes de ce coin de pays, dont certaines de grande précision.

 

L’analyse des actes notariés, le contact avec les gens en place et une étude des lieux, m’ont apporté la conclusion suivante : Colin, notre premier ancêtre connu, semble être demeuré sur la rue Des Ganteries à Rouen. Les LeMessier de la deuxième, troisième et quatrième génération à savoir : Jehan, Robinet et Guillaume sont demeurés à moins de deux cents mètres de l’église à LaHaye, sur le chemin qui va au Val St-Pierre. Plus loin, le chemin n’est pas carrossable pour une auto et n’a aucune habitation. Ceux qui ont visité la France ont noté que les habitations dans les campagnes sont toujours regroupées. Dans une transaction, on identifie l’endroit par cette mention : « À LaHaye, sur le chemin qui va au Val St-Pierre, voisin, la cour commune aux Messier ». Des LeMessier se sont regroupés à cet endroit.

 

Une précision reste à mentionner. En 1452, Jehan achète une terre à Morville. Ce petit coin de terrain, il ne l’habite pas. Aujourd’hui, il est très facile à identifier. De LaHaye, sur la nationale 31 en face de l’endroit « La Porcherie », une petite route nous conduit à Morville sur le chemin qui va à St-Lucien. À moins de deux kilomètres de l’église de LaHaye, nous traversons la rivière Andelle. À la croisée du chemin et de la rivière, un contrat identifie le terrain acheté par Jehan LeMessier. Il nous permet d’éliminer trois des quatre terrains qui touchent le chemin de St-Lucien et l’Andelle. Le terrain acheté par Jehan a la particularité d’avoir l’Andelle comme limite sur un côté et à l’arrière. Un seul terrain possède cette caractéristique : une belle maison y est construite aujourd’hui.

 

Jehan, l’époux de Cardine Acoulons, serait né à LaHaye au même endroit que son père et son grand-père. Après son mariage, c’est au hameau de La Remondière à St-Denis-le-Thiboult qu’il demeure. Aujourd’hui, les maisons de La Remondière sont regroupées à une croisée de chemin. Aucun indice ne me permet de dire l’endroit exact où il pouvait demeurer. Son fils Jehan y est né. Son épouse Cardine Acoulons est née au hameau de Villers sur la route du hameau et non sur le chemin qui va à Rouen et qui passe à Villers. La partie construite de ce chemin est d’environ 150 mètres. C’est donc dire qu’il est facile de localiser, à moins de 75 mètres, l’endroit où est née et a demeuré Cardine Acoulons avant son mariage. Son époux, Jehan LeMessier, a travaillé chez elle pour apprendre le métier de tonnelier. Il ne reste qu’à identifier le terrain acheté par Jehan LeMessier en 1603 pour compléter le tout.

 

David a toujours affirmé demeurer à Villers et à Vascoeuil. En regardant la carte de la région, même à cette époque, Villers est un hameau de St-Denis-le-Thiboult. Certaines cartes modernes éclairent mieux une personne qui n’a jamais vu ce coin de pays. Cependant, une visite des lieux nous donne une meilleure idée. Il existe entre la commune de Vascoeuil et le hameau de Villers à St-Denis-le-Thiboult, un petit coin avec deux ou trois maisons sur la nationale 31. En consultant mes cartes, j’ai constaté que l’endroit était situé à Vascoeuil. En questionnant les gens de la place, on m’informe que cet endroit est appelé « Petit Villers » par les gens du lieu. Cet endroit serait donc le lieu où Jehan LeMessier a acheté sa maison et où ses enfants et ceux de David et Marguerite Barc seraient nés. Voilà une information qui semble répondre à bien des questions.

 

Cinq contrats de notaire nous informent sur l’emplacement de la maison de Jehan et David LeMessier. Ces contrats sont datés du 26 janvier 1603 au 18 mai 1693. Ils mentionnent tous comme emplacement Villers à Vascoeuil. Dans un acte du 25 mars 1643, le notaire inscrit la mention Villers à St-Denis pour ensuite rayer St-Denis et le remplacer par Vascoeuil. Un notaire peut se tromper une fois, mais pas cinq fois; plusieurs notaires ne peuvent errer.

 

Mes cartes indiquent la limite entre Vascoeuil et St-Denis-le-Thiboult. Le « Petit Villers » se trouve sur la nationale 31 qui est le chemin allant à Martainville, comme l’indiquent les contrats de l’époque. De plus, l’endroit est situé à Vascoeuil. Un contrat, qui ne concerne pas les LeMessier, mentionne un emplacement situé, moitié à Vascoeuil et moitié à St-Denis-le-Thiboult. C’est exactement ce qui se passe à cet endroit. Le devant du terrain est situé dans Vascoeuil et l’arrière est dans St-Denis-le-Thiboult. Si le terrain de Jehan occupe la partie est du Petit-Villers, son terrain est entièrement dans Vascoeuil. C’est la section la plus profonde et la masure de Jehan est entièrement située à Vascoeuil.

 

L’acte du 26 janvier 1603 mentionne qu’il y a une maison sur ce terrain. Cependant, quand Jacques Messier vend son héritage le 7 avril 1672, il est dit que la maison possède deux logis. Selon la description faite le 25 juillet 1673, les deux logis ont un mur mitoyen. Tout porte à croire qu’à son mariage en 1639, David a construit sa maison adjacente à celle de son père. Le terrain était suffisamment grand. L’endroit semble parfaitement décrit pour affirmer que la demeure de nos ancêtres était sur cet emplacement.

 

Le pays natal de nos ancêtres est à environ une vingtaine de kilomètres à l’est de Rouen. L’autoroute A16 semble tout indiquée pour le visiteur qui débarque à Charles-de-Gaulle pour se rendre dans ce coin de pays. À la sortie de Beauvais, la nationale 31 lui fera traverser ce coin de pays situé à la frontière des départements de l’Eure et de la Seine-Maritime.

 

Le premier contact commence à la droite de la route par un endroit appelé la Feuillie. Au 16e siècle, des LeMessier y ont demeuré. En poursuivant notre route, c’est LaHaye, berceau des LeMessier, que nous traversons. Sur la gauche, c’est le cimetière; un peu plus loin, le hameau de la Porcherie. Les historiens croient qu’il y eut autrefois une porcherie à cet endroit. En face de la Porcherie, à notre droite, un chemin nous fera traverser un joli coin de pays pour nous retrouver sur le chemin de St-Lucien, où notre ancêtre a possédé un terrain.

 

En poursuivant notre route sur la nationale 31, nous apercevons à notre gauche, à environ cent mètres de la route, le clocher de l’église de LaHaye. Ensuite, nous traversons Croissy. Puis un pont où les eaux de la rivière Andelle coulent vers le sud. À ce moment, nous entrons dans Vascoeuil. Plus loin, nous traversons un deuxième pont où coulent les eaux de la rivière Crevon. Ses eaux se déversent dans l’Andelle, dans la partie sud de Vascoeuil. Le pont traversé, le château de Vascoeuil se présente à notre gauche. Il est possible de le visiter en tournant au premier chemin ce qui nous mène également dans Vascoeuil.

 

Quelques dizaines de mètres avant de prendre le chemin de Vascoeuil, un signal routier à notre droite indique « St-Denis-le-Thiboult 1,5 km ». En poursuivant notre route, à notre droite, se trouvent quelques bâtiments que les gens de la place appellent le « Petit Villers ». C’est l’endroit où David et ses enfants ont habité. Moins d’un kilomètre plus loin, c’est le hameau de Villers à St-Denis-le-Thiboult que l’on traverse. À droite, c’est la route du hameau où a habité Guillaume Acoulons, beau-père de Jehan LeMessier, grand-père de David. À gauche, une petite affiche indique Le Fossé, visible de la route, lieu de résidence de David au décès de Marguerite Barc. Un peu plus loin, sur le côté droit, une affiche indique La Remondière, lieu de naissance de Jehan LeMessier, le grand-père de notre ancêtre. À cet endroit prend fin le pays des ancêtres. En poursuivant notre chemin, nous aboutissons à Martainville pour atteindre Rouen quelques kilomètres plus loin.

 

La distance qui sépare le début de LaHaye du hameau de Villers est de moins de dix kilomètres. Si nous regardons la distance dans l’axe nord-sud, c’est encore moins de six kilomètres qui séparent Perrier de St-Denis-le-Thiboult. Voilà le coin de pays où sont nées six générations de LeMessier.

 

Le pays est baigné par deux rivières que j’ai nommées plus haut. La plus importante, l’Andelle, prend sa source plus au nord. Un peu avant d’arriver à Morville, elle prend la direction sud-ouest pour reprendre la direction sud à Vascoeuil. Elle déverse ses eaux dans la Seine plus au sud. Le Crevon, deuxième rivière, arrive du nord, passe à St-Denis-le-Thiboult et va se jeter dans l’Andelle après avoir arrosé le jardin du château de Vascoeuil. Pour avoir une idée de ces rivières, l’Andelle a environ huit mètres de large, tandis que Le Crevon, plus étroit, en a environ deux.

 

Au sud de la nationale 31, c’est la plaine dans tout le pays sauf de légères collines dans LaHaye. Cependant, au nord de la route, le pays est parsemé de collines ce qui lui donne un charme particulier. Entre LaHaye et Morville, les collines sont un peu plus hautes. Au sud-est de Vascoeuil se trouve la forêt de Lyon qui est la plus grande forêt de hêtres de France; un coin qui mérite d’être visité. Voilà l’aspect géographique du pays

 

Parlons maintenant des endroits où ont vécu nos ancêtres. À Vascoeuil, deux générations de LeMessier sont nées. Comme tous les coins de France, c’est un regroupement de maisons autour de l’église. Un peu plus loin, ce sont de petits hameaux qui en font partie. Il y a une seule rue avec des commerces : la rue des Canadiens nous conduit à l’église St-Martial. Une personne de la place me disait qu’il existe beaucoup de rues des Canadiens en Normandie. Elles ont été nommées ainsi pour rappeler la libération du pays par des soldats du Québec durant la dernière guerre mondiale. Un recensement récent fait mention d’une population à Vascoeuil de 427 habitants.

 

St-Denis-le-Thiboult est le lieu natal de Jehan LeMessier, père de David. Ce qui étonne quand on entre dans ce village, c’est l’absence de tout commerce. L’église est là avec certains éléments qui remontent au 13e siècle. Elle est classée monument historique. Présentement, des recherches sont faites pour dater les éléments qui la meublent, telles que les statues. En face se trouve le château et près de l’église à sa droite, un bâtiment abrite l’école et la mairie. Ce sont les seuls bâtiments à côté des maisons regroupées près de l’église. Le cimetière, autrefois situé sur le terrain de l’église, est maintenant à environ 200 mètres où une route à l’arrière nous y conduit. Je n’ai vu aucune pierre tombale des LeMessier. Ce même chemin nous conduit au hameau des Ventes.

 

En empruntant la route qui fait face à l’église, sur un terrain privé, on peut apercevoir la chapelle de St-Lorient. C’est un autre bâtiment déclaré monument historique. Dans son sous-sol reposent les ancêtres de M. Daniel Lainé.

 

Si la population de St-Denis-le-Thiboult a moins de 300 habitants, son territoire est très vaste. On y retrouve plusieurs hameaux. Il y a évidemment Villers, La Remondière, Le Fossé, Gratienville et Les Ventes. Un nom oublié par les gens de la place est Genneville, probablement une déformation de Gonneville. Je possède quatre actes mentionnant cet endroit. Celui de 1530 concerne un Monsieur Lebonnyer qui récupère une terre à cet endroit. L’acte précise que le terrain a comme voisin le bois de St-Denis. Catherine Primot y est demeurée avec sa tante Martine Messier et Antoine Primot. Selon les documents, l’endroit est situé du côté droit, sur le chemin entre la route nationale 31 et l’église. Les parents biologiques de Catherine Primot, Ysabeau (Élisabeth) LeMessier et son époux Guillaume Thierry demeuraient au hameau des Ventes, comme l’indique l’acte du 25 mars 1643. Ce serait l’endroit où est née Catherine Thierry Primot, la future épouse de Charles Lemoyne.

 

Il y a eu autrefois un château sur une colline, à l’arrière de l’église de St-Denis-le-Thiboult. Selon l’historien Depping, Henri 1er, roi d’Angleterre et duc de Normandie, le quatrième fils de Guillaume le Conquérant y serait décédé en 1135 d’une indigestion de lamproies. Dans les Itinéraires touristiques de l’abbé Malandrin, curé de Ry, il signale « l’importante motte du Donjon féodal, de même que le colombier et les ruines ». J’ai vu ce qu’était le fossé qui l’entourait partiellement. Malheureusement, je n’ai pu vérifier si des traces des ruines se trouvent encore de nos jours sur une propriété privée.

 

Dans le livre titré Madame Bovary, basé sur une histoire passée au 19e siècle, une partie de l’aventure amoureuse se passe à La Huchette à Villers. Pendant mon séjour, j’y ai effectivement vu l’inscription « La Huchette » à la grille d’entrée d’une très belle demeure.

 

Que peut-on dire sur LaHaye? La route nationale 31 la traverse dans la partie située au nord de l’église St-Pierre. Près de celle-ci, nous voyons quelques maisons dont la plupart se trouvent à l’endroit identifié à l’époque « le chemin qui va au Val St-Pierre », ce sont les seuls bâtiments près de l’église. Quelques-uns sont situés sur la nationale 31. Plusieurs habitations se trouvent dans le hameau de la Porcherie. Il existe un autre hameau sur le chemin de St-Lucien qui se nomme le Thuit.

 

En 1795, l’église de LaHaye est presque rasée par les flammes. Un bassin d’eau, situé près de l’église, est à sec au moment de l’incendie. Seules les fondations et la sacristie sont sauvées. Reconstruite vers 1850, l’église ne présente aucun attrait historique.

 

En me baladant dans le cimetière, j'ai remarqué deux pierres tombales de LeMessier. Il s'agit des parents et grands-parents de Roland LeMessier, le dernier LeMessier vivant dans la région. J'ai également vu la pierre tombale d'un Vieubled, sobriquet d'un LeMessier, adopté comme nom de famille. Voilà pour la description du pays où ont habité nos ancêtres.

Texte tiré du volume de  Gilles Messier :  Les Messier et leurs ancêtres, 700 ans d'histoire.

Dernière mise à jour : 

le 24 septembre 2014

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