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Martine Messier

 

De tous les premiers Messier arrivés au Canada, Martine est peut-être celle qui a le plus vécu dans l’ombre. Elle est la fille de Jehan LeMessier. Le nom de sa mère est malheureusement inconnu. Martine est la tante de nos ancêtres Michel et Jacques Messier. Selon le recensement de 1666 et 1667, elle serait née en 1608. Au recensement de 1681, elle aurait vu le jour en 1593. Le mariage de ses parents ayant eu lieu en 1603, je crois que l’âge mentionné aux recensements de 1666 et 1667 semble plus vraisemblable.

 

La date de son mariage étant inconnue, je dois mettre une date hypothétique. Seul le dictionnaire Jetté mentionne 1625. Cette année a probablement été retenue parce qu’on voulait inscrire un chiffre. À cause de son âge, je verrais mieux 1630 comme date de son mariage avec Antoine Primot. Les parents de Martine demeurent à Vascoeuil; son mariage est célébré à cet endroit.

 

Vers 1642, alors qu’il demeure à St-Denis-le-Thiboult, le couple Primot adopte leur nièce Catherine, fille de Guillaume Thierry et Ysabeau (Élisabeth) Messier, sœur de Martine. L’adoption se fait de façon verbale. En 1660, alors à Ville-Marie, les Primot décident de légaliser leur geste, chez le notaire Basset, en présence de monsieur de Maisonneuve. Il est mentionné que ce geste est fait parce que le couple n’avait point d’enfant. On indique qu’une certaine période s’est écoulée entre leur mariage et l’adoption.

 

Contrairement à ce que peuvent penser certains historiens, le couple Primot n’est pas arrivé avec Monsieur de Maisonneuve en 1641. J’ai mentionné qu’en 1643, Antoine Primot est témoin à St-Denis-le-Thiboult, dans une reconnaissance de dette de Jacques et David LeMessier. L’acte mentionne que le couple Primot vivait à St-Denis-le-Thiboult. De plus, selon l’acte d’adoption de sa fille Catherine en date du 20 mars 1660, il est dit qu’elle est à St-Denis-le-Thiboult en 1642. Le silence total de la présence du couple à Ville-Marie avant 1649 nous indique qu’il serait arrivé cette année-là.

 

Le 8 novembre 1650, Maisonneuve donne une concession à Jean Descarris. L’acte mentionne qu’il a pour voisin Antoine Primot. La terre des Primot est située à l’ouest de «La Provençale». Elle est délimitée d’est en ouest par les rues St-Thomas et Lusignan, et du sud au nord par les rues William et le boulevard René-Lévesque. Toutefois, je n’ai pas vu l’acte d’achat. Il est possible que, huit ans après la fondation de Ville-Marie, des actes notariés aient été moins rigoureux.

 

Rien n’indique si le couple Primot est demeuré sur cette terre. Les incursions iroquoises rendaient leur sécurité précaire. Un peu plus tard, le couple s’est installé définitivement à la Pointe St-Charles où les historiens peuvent difficilement localiser l’endroit. Au mariage de leur fille Catherine, Charles Lemoyne donne au couple Primot la jouissance à vie de sa terre sur ce lieu. Quant à celle situé rue William, c’est possiblement la même vendue par son frère Jacques le 3 juillet 1656 à André Hurtibise.

 

Une attaque des Iroquois, dont Martine a été victime, l’a fait connaître dans toute la colonie. Le 29 juillet 1652, elle est à l’extérieur du fort, occupée à travailler aux champs. Soudain, trois Iroquois foncent sur elle. Martine se débat comme une lionne, mais la lutte est inégale. Que peut faire une femme âgée d’environ quarante-quatre ans contre trois guerriers ? Elle finit par succomber aux nombreux coups et perd conscience.

 

Un Iroquois décide de mettre son genou sur sa poitrine afin de mieux lui arracher sa chevelure. La douleur, que provoque le poids de l’indien sur elle, lui fait reprendre ses esprits. Voyant les intentions de cet homme, elle rassemble les forces qui lui restent, le saisit de ses mains par la partie la plus sensible de son anatomie et la serre de toutes ses forces afin de l’obliger à changer son dessein. L’indien laisse la chevelure et ne pense qu’à déguerpir. À ses cris, des Français viennent au secours de Martine.

 

Le premier Français arrivé sur les lieux, ayant soulevé la malheureuse et la voyant vivante, l’embrasse de joie. Il a la surprise de recevoir un magistral soufflet à l’étonnement des autres Français. «Mais pourquoi ce geste ?» lui demande-t-on. «Parmanda», répondit-elle, «je croyais qu’il voulait me baiser !». Avec cette expression, le surnom de «Parmanda» lui est resté en permanence. Martine avait sept blessures.

 

Les registres paroissiaux ont laissé des traces de Martine. Le 27 août 1653, elle est marraine de Jean Leduc. Le 28 mai 1654, c’est le mariage de sa fille Catherine avec Charles LeMoyne. Le 18 juin 1656, elle est marraine de Michel Froge. Elle est également marraine en 1659, 1660, 1662 et 1675. Le 28 novembre 1678, elle est présente au mariage de Catherine Messier, fille de Michel.

 

En 1654, voulant retenir les colons à Montréal, la Société Notre-Dame leur offre un lien alléchant, une gratification à la condition de demeurer en permanence à Montréal. Le 22 janvier 1654, son mari Antoine Primot et son frère Jacques reçoivent 400 livres de prime.

 

Aucune transaction d’affaires n’a été trouvée chez les notaires pour les Primot. On doit se rabattre sur d’autres sources pour en savoir un peu plus sur eux. Le recensement de 1666 nous informe qu’ils ont deux domestiques: Jean Blout et Robert Courtard. Celui de 1667 nous donne un peu plus d’informations. En plus des deux domestiques nommés précédemment, s’ajoute un troisième: Jean Gauthier. Ils ont seize bestiaux et quarante arpents en valeur. En 1681, au terme de leur vie, le recensement indique un domestique, Jean, ainsi que six bêtes à cornes et soixante arpents en valeur.

 

Un an plus tôt, le 14 juillet 1680, devant le notaire Maugue, le couple Primot avait fait un testament en faveur de leur fille adoptive. Martine et son mari déclarent ne savoir signer. Antoine Primot fera une croix au bas de l’acte.

 

Celui-ci est décédé à Varennes le 16 janvier 1688. Toutefois, c’est à Boucherville que la sépulture est faite. La paroisse de Ste-Anne-de-Varennes ayant été fondée en 1692, Martine est décédée entre le recensement de 1681 et le décès de son mari. Ignorant le moment du déménagement d’Antoine Primot à Varennes et la date du décès de Martine, il est difficile de savoir si son décès a eu lieu à Varennes ou Ville-Marie.

 

 

Pour connaitre davantage Catherine Primot, cliquez ici

Texte tiré du volume de  Gilles Messier :  Les Messier et leurs ancêtres, 700 ans d'histoire.

Dernière mise à jour : 

le 8 septembre 2014

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